Comment le soulèvement iranien de 2022 affecte vos employés – Et comment vous pouvez les soutenir
Sherazad Adib et Negin Sattari, PhD, deux membres du personnel de Catalyst d'origine iranienne, appellent les dirigeants à soutenir les employés pendant ce moment unique.
La récente détention et la mort de la jeune femme kurde iranienne Mahsa (Jina) Amini aux mains de la police de la moralité pour un foulard mal porté ont créé une onde de choc sur l’ensemble du territoire iranien, entraînant un mouvement historique réclamant plus de libertés sociales, politiques et économiques pour les femmes. « Femme, vie, liberté » (« Zan, zendegi, azadi ») ; ce slogan, lui-même d’origine kurde, est devenu le cri de ralliement de ce mouvement.
Ce mouvement est mené par des femmes qui, pendant 43 ans, depuis la Révolution iranienne de 1979, ont vu leurs droits et leurs libertés bafoués. L’État leur impose le voile, limite leur accès au marché du travail et au pouvoir politique, et applique des lois humiliantes telles que l’obligation d’obtenir la permission du mari pour les déplacements des femmes mariées. Le gouvernement continue de réprimer le soulèvement et condamne à mort ceux qui protestent pacifiquement.
Les personnes d’origine iranienne vivant à l’étranger, dont beaucoup sont employées dans des organisations à travers le monde, suivent de près ce soulèvement et sont impactés par ce dernier. La diaspora iranienne s’implique et s’engage dans le mouvement Femme, vie, liberté, participant à certains des plus grands rassemblements de ces quatre dernières décennies, organisés dans des dizaines de grandes villes à travers le monde. Les iraniens à l’extérieur du pays font également pression pour obtenir le support de la communauté internationale par le biais des médias sociaux et des pétitions.
Cet engagement influence forcément la vie des personnes d’origine iraniennes à l’étranger qui continuent à aller travailler tous les jours. Il est juste de dire que les membres de la communauté iranienne qui ont un emploi occupent actuellement un deuxième emploi.
Comme des millions de personnes d’origine iranienne, nous deux, membres du personnel et de la communauté de Catalyst, suivons chaque jour les nouvelles en provenance d’Iran avec inquiétude et espoir. Le régime iranien ayant restreint l’accès à Internet, nous ajoutons nos voix au mouvement en relayant les informations sur les médias sociaux et en nous assurant que le monde est au courant de la lutte des femmes et de tout le peuple iranien. Sherazad a appelé à une plus grande solidarité avec les femmes iraniennes par ses interventions dans les médias. Elle a partagé son expérience avec la police des mœurs qui l’a arrêté en Iran alors qu’elle avait huit ans. Elle marchait dans la rue avec sa mère et on lui a exigé de porter le voile en public. Cela s’est passé quelques années après la révolution de 1979.
Nous sommes privilégiés de ne pas être exposés à la violence et aux menaces auxquelles sont confrontés les manifestants. Nous n’avons pas non plus à assumer les conséquences économiques de ces événements. Cependant, notre santé mentale est mise à rude épreuve. Nous avons du mal à nous concentrer et notre niveau de stress est au plus haut – ce qui n’est pas surprenant si l’on considère que nous assistons impuissants aux arrestations et aux meurtres de jeunes gens, dont de nombreux enfants, qui manifestent pacifiquement pour leurs libertés.
L’avenir semble incertain, et de nombreux Iraniens de l’étranger, comme Negin, ont dû reconsidérer leurs projets de retour au pays et de réunion avec leur famille après avoir été séparés pendant des années. La plupart d’entre nous avons des membres de notre famille, des amis ou d’autres personnes de nos réseaux sociaux élargis en Iran. Ces derniers sont dans les rues, scandent des slogans pour leur liberté depuis leur maison la nuit, retirent leur foulard en public en signe de protestation ou aspirent simplement à des changements significatifs dans leur vie.
Les institutions qui ont façonné nos vies et nos identités dans notre pays d’origine, comme nos écoles et nos universités, sont des lieux où s’expriment le mécontentement, la colère et l’espoir de changement. Nous avons des souvenirs à la fois doux et amers de l’époque où nous espérions participer à ce changement, de l’époque où nous pensions encore que l’abandon de notre foyer n’était pas forcément la meilleure option pour poursuivre une vie meilleure. Ces émotions se retrouvent dans notre vie professionnelle au quotidien et ont un impact sur notre présence au travail.
Nous appelons les dirigeants d’entreprise à reconnaître le mouvement en Iran et son impact sur les employés d’origine iranienne. Les dirigeants courageux et engagés envers une meilleure équité, diversité et inclusion savent reconnaitre les moments importants qui appellent une action de solidarité avec les employés d’origines et d’identités diverses, dans un geste d’inclusion. Le moment présent est l’un de ces moments.
Nous vous demandons à vous, les leaders, de contribuer à créer un espace sécuritaire et inclusif pour que les employés d’origine iranienne puissent s’exprimer et trouver le réconfort et le soutien nécessaires pour traverser cette période difficile. Savoir être un allié est l’un des éléments du leadership inclusif qui a été identifié par la recherche de Catalyst. L’empathie est également cruciale en ce moment. Par-dessus tout, nous vous rappelons que les Iraniens, comme d’autres minorités ethnoculturelles peuvent être touchés par la charge émotionnelle et peuvent se sentir sur leurs gardes au travail. Le mouvement Femme, vie, liberté ajoute une nouvelle couche de défi qui les empêche d’être entièrement présents au travail.
Si vous êtes réellement engagé dans la démarche EDI, le moment est venu pour vous de poser des actions. Même si votre organisation n’a pas de présence physique en Iran, le mouvement de protestation actuel a des répercussions dans le monde entier et au sein de votre organisation. C’est l’occasion de joindre la parole aux actes.